Front polisario : le Maroc dénonce la “responsabilité flagrante” de l’Algérie
“Si le Conseil de sécurité n’assume pas ses responsabilités, le Maroc assumera les siennes”. Rabat a haussé le ton et a demandé aux Nations unies et à Alger de prendre leurs responsabilités pour que le Front Polisario cesse son développement au Sahara occidental, a affirmé mercredi le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita, menaçant implicitement d’agir si rien n’est fait.
Le ministre s’est exprimé à l’issue d’un entretien avec le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterre,s auquel il a remis un message du roi Mohammed VI. “Le Maroc en tirera toutes les conséquences”, a-t-il asséné en précisant que son souverain en avait parlé directement avec le chef de l’ONU.
Mohammed VI, lui, a exprimé “le rejet clair, ferme et déterminé du Maroc de ces provocations, de ces incursions par le Polisario” dans une zone tampon du Sahara occidental où l’ONU est chargée de superviser un cessez-le-feu.
Le Maroc avait alerté dimanche le Conseil de sécurité en affirmant que des combattants du Front Polisario, qui revendique l’indépendance de la région depuis 1975, étaient entrés récemment dans la ville de Mahbes, dans le nord-est du Sahara occidental, en violation d’un accord militaire sur une zone tampon.
Rabat dénonce “une responsabilité flagrante” d’Alger
En début de semaine, l’ONU avait indiqué que sa mission au Sahara occidental (Minurso) “n’avait observé aucun mouvement d’éléments militaires dans le territoire nord-est”. De son côté, le Front Polisario, qui a un rang d’observateur auprès des Nations unies, a démenti les accusations marocaines.
“Ces agissements constituent une menace au cessez-le-feu” au Sahara et “compromettent sérieusement le processus politique”, a poursuivi Nasser Bourita lors d’une conférence de presse. Dans ce “différend régional qui dure depuis plus de 40 ans, l’Algérie a une responsabilité flagrante”, a ajouté le ministre marocain. “L’Algérie finance, abrite, arme, soutient diplomatiquement le Polisario”, a-t-il déclaré.
C’est pour cela que le royaume chérifien demande que l’Algérie “prenne une part importante dans le processus politique, assume ses responsabilités dans la recherche d’une solution et joue un rôle à la hauteur de sa responsabilité dans la genèse de ce différend régional”.
Étendue désertique de 266 000 km2, le Sahara occidental est le seul territoire du continent africain au statut post-colonial non réglé. Le Maroc en contrôle 80 %, le Front Polisario 20 %. Soutenu par l’Algérie, ce dernier réclame un référendum d’autodétermination pouvant conduire à l’indépendance, mais Rabat rejette toute autre solution que l’autonomie sous sa souveraineté.