54,74% des cas sont des incitations à la haine
A la faveur d’un atelier de formation organisé jeudi dernier au siège d’Amnesty International Algérie, à Alger, des journalistes de différents médias nationaux ont eu à découvrir et comprendre les mécanismes et la portée du discours journalistique, lorsque celui-ci porte atteinte à la dignité et à l’intégrité humaines.
Animée par Redouane Boudjema, professeur à la faculté des sciences de l’information et de la communication à l’Université Alger 3, cette troisième formation de l’année — organisée par l’ONG, en partenariat avec Mena Media Monitoring dans le cadre de “la promotion des droits humains” — visait à éclairer les participants sur l’apleur et les conséquences des propos haineux à l’encontre des différentes franges de la société, notamment les femmes, les migrants, et les minorités religieuses. Après un tour d’horizon des différents instruments juridiques en vigueur, entre autres, “le pacte international relatif aux droits civils et politiques” et “la convention internationale sur l’élimination de toutes formes de discrimination raciale”, les journalistes se sont penchés sur le volet pratique des discours diffamatoires, racistes ou sexistes dans la presse algérienne francophone et arabophone.
Quelles que soient la ligne éditoriale d’un journal, ses orientations politiques ou idéologiques, la presse algérienne, dans son ensemble et à des degrés plus ou moins élevés, verse dans la propagande et l’incitation à la haine. Les conséquences de telles pratiques, selon M. Boudjema, sont “l’amplification des différences et des désaccords” au sein d’une société, “l’atteinte à l’intégrité et à la dignité humaines” et participent, dans certains cas, à l’image de la Libye, “à la préparation et à la propagation des guerres”.
Par ailleurs, il a été révélé que 54,74% des entorses à l’éthique journalistique en Algérie concernent le discours de la haine, suivi des propos diffamatoires (20,44%) et de la discrimination (12,41%). D’après le formateur, les seuls remparts à ses agissements, qui peuvent parfois être fatals, sont “la sensibilisation des journalistes quant aux conséquences de ce genre de discours sur la société, la formation et l’ouverture d’un débat autour du danger de cette culture de la haine sur la transition démocratique”. Par ailleurs, Hassina Oussedik, directrice d’Amnesty International Algérie, dira que “le volet de la formation est très important pour nous, car le rôle des journalistes est crucial dans la mesure où il permet de relayer les messages importants au niveau de l’appréhension et des violations des droits humains”. Et de poursuivre : “Nous estimons que les journalistes doivent être des partenaires des associations de droits humains. Cela ne veut pas dire qu’ils doivent devenir des militants, parce qu’ils ont aussi leur éthique. Il est aussi important d’informer le plus objectivement possible, pour que le grand public puisse être sensibilisé à des questions importantes de la société.”
Yasmine Azzouz